Bolivia, l'Intenso. Tant à voir, tant à faire.

La Bolivie. Je vous préviens d'office, ca va être intense. 

Spoiler, on a kiffé grave. Mais hé restez, faut quand même que je vous raconte, d'autant qu'ici je vais vous emmener de la jungle aux sommets les amis !


Le six août, après trois mois au Pérou voilà qu'on franchit (enfin) et avec une certaine impatience la frontière du Royaume homonymique du Libérator, Simon Bolivar. Un passage de frontière en douceur, qui l'air de rien augure déjà le bon, des sourires de partout et la gentillesse. 
 
Dixième coup de tampon acté dans les passeports, on longe (encore et toujours) le lac Titi-Caca après le poste de Desagadero.

 

On aperçoit déjà la cordillère Royale depuis les rives et les augures semble toujours de notre côté, Fa trouve un drapeau Bolivien en bon état pour orner son biclou. En plissant les yeux, au loin on peut même distinguer, cent kilomètres en avance le Huayna Potosi, mais patientons encore un peu avant son cas particulier.

On passe une première nuit dans les champs ou les proprios sont venus nous rendre une petite visites de courtoisie (S'assurer qu'on manque de rien, qu'on à pas froid, ceux à quoi on répond "euh oui non euh tout vas bien" ce rappelant que dans l'absolu c'est nous qui squattons chez eux avec notre tente.) Elle nous parlant en Aymari, lui nous traduisant le tout.


Le hasard de notre itinéraire nous amenant à dormir dans le pueblo de Tiwanaku pour la deuxième nuit en Bolivie, autant visiter... Les ruines Tiwanaku non ? Et quelle bonne idée ! Civilisation pré-Incas qui s'étalerait de -500 avant notre pote J-C (pas Jean-Christophe non) jusqu'à 1400 de notre ère avant une "assimilation-extermination" par ces doux et pacifiques Incas, on a l'impression après trois mois (d'intense) découverte culturelle Incaesque au Pérou d'avoir le droit au prequel de l'histoire.




Bien qu'historiquement le site ait été pillé par les Espagnols (tradition oblige), massacré par une horde "d'archéologue" en carton, oublié, re-découvert, restauré par des barbares pire que les conquistadors, il reste un véritable petit bijou à parcourir de fond en comble.

Les deux musées (hélas interdits à la photographie) regorge d'un art sculptural, de poterie, qui s'étale sur 2000 ans d'évolution avec une pratique qui s'affine sans conteste au fil du temps et un usage du bronze très développé.



Bien que dans l'ombre historique de la statue-voyageuse géante Bennett, comment ne pas lorgner en bon français devant "la porte du soleil"... Moulte fois représenté notamment dans Tintin et le temple du Soleil !


 
Clou de la visite, je reconnais avoir du "voler" la photo de l'immense Bennet sur le web, puisque sortir son APN dans le musée de Tiwanaku vous voudrait une mort par lapidation communautaire. Mais comment ne pas vous montrer cette merveille de sept mètres et des poussières, pour un "petit" vingt tonne ! Qui vécu un temps à La Paz lors de sa déchéance citadine où arrosage, pluie, soleil, pollution l'on malheureusement fortement abimé avant le retour inespéré à Tiwanaku, où son séant sied désormais en tout sérénité.


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Passé nos pérégrinations culturelle, la route nous amène dès lors très (très) rapidement à ... La Paz ! Où nous bouclons entre les camions fou, le completo des 3 plus hautes capitales du monde à vélo ! (Souvenez vous, dans l'ordre croissant : Bogota, Quito puis La Paz) Faut dire qu'El Alto avec ces 4.300 mètres d'alti donne le ton.
 
 

Circulation folle, ambiance tranquille, rue mal construite, empilement d'étals et de shop, c'est une atmosphère un peu déroutante et unique qui nous accueille ici.

On retrouve le temps d'une soirée tous nos potes Tandemiste, les "FranPaDaMa", avec leur "guide" local un auto-proclamé "Marxiste-Cococapitaliste" qui nous fait faire le tour de ville pour admirer une cérémonie nocturne de la Pachamama et surtout dévorer une bonne mais minuscule pizza.

Pas le temps d'admirer les étals chamanique d'où pendent d'admirable bébé alpaga momifié, on vous a promis de la jungle et du sommet, commençons avec ce dernier !

Sur une idée (excellente) de Chacha et Sylvain, confirmé par ces jobards de Jérem et Lison, on lorgne du côté du Huayna Potosi, pour faire notre premier glacier en alpinisme, 6.088 mètres au garot quand même.
 
 
 
6.000 réputé le moins cher et le plus facile du monde pour s'initier aux joies de l'ivresse des sommets, on frime sur la marche d'approche, piolet et crampons sur le dos. Mais sommet le plus facile du monde ou pas, grimper un glacier n'est pas non plus un jeu d'enfants.
 
Une fois n'est pas coutume (mais pourrait bien finir par le devenir), dans un esprit capitalistique de rentabilité et de réduction des coûts de production, je vais copier ici le PolarStep qu'on avait écris tout juste redescendu des étoiles, puisque pourquoi re-écrire avec platitude ce que j'ai décris à chaud le jour J ?

Deux points, ouvrez les guillemets :
 
"Gravir un glacier à 6088m d'altitude par la voie alternative des crêtes, ça c'est peut-être pas quelque-chose qu'on va refaire trois fois par semaine, contrairement à notre guide. 
 
Réveil à une heure du mat, départ dans la foulée après une paire d'heure de "sommeil" (vive les nuits en refuge).


Encordé à notre guide on teste en direct pour la première fois le matos qu'on nous a filé: chaussures d'alpinisme, crampons, piolets (qui contrairement à ce que je croyais ne servent donc pas uniquement à permettre aux touristes de frimer sur les photos souvenir) vestes, guêtres, pantalons de montagne... Tout semble aller pour le mieux et on ne sent pas les -12° qui nous accueillent -presque- chaleureusement.

Condition absolument idéale, météo clémente, pas de vent, pas de nuage, pleine lune pour éclairer le glacier... Si j'avais pas perdu mon gant gauche au bout de trois cent mètres dans une crevasse sans fonds ça aurait même pu être parfait ! Pas grave on continu, le bruit de crissement de la neige sous nos pieds, les reflets scintillants de la nuit sur la glace, notre guide se chauffe un peu et accélère le rythme pour nous faire doubler les autres cordées sur la piste. Étonnamment aucun mal de l'altitude ne viendra nous gêner pendant l'ascension, à part un léger manque d'oxygène et des redémarrages un peu dur derrière les pauses.

Après quatre heure d'ascension sur le camino principal (pour... trois kilomètres seulement !) Notre guide prend un sourire vicieux et nous explique tranquillement qu'on à pris une heure d'avance à ce rythme et que pour éviter de devoir attendre le lever du soleil une heure en haut (et donc de se les geler) on va prendre une voie alternative plus longue. Enfoiré va! Sans nous en dire plus, il nous fait prendre l'alternative dite de la crête, qu'on sera les premiers à emprunter pour 2022 ! Une variante devenu dangereuse à cause du réchauffement climatique (anciennement il s'agissait de l'accès principal avant la fonte accéléré du glacier, on pouvait alors marcher sur la crête), passage mixte roche et glace vertigineux, nécessitant de franchir un flanc de crête très souvent proche de la verticale, avec un passage mémorable à 60% d'inclinaison (la portion finale de la voie d'escalade ouest devenu inevitable cette année sur le camino) à franchir à coup de piolet sur une cinquantaines de mètres et uniquement sur la pointe avant des crampons, corps collé contre la parois, les bras qui tremble pour tirer nos carcasses sur le piolet qu'on espère avoir bien planté coup après coup, avec sur la droite à quelque centimètres à peine un tombant d'un kilomètre. Vertigineux, vous voilà prévenu !


Pour seul consigne notre guide nous aura dit "faite bien comme moi" Si la via commune comporte un mur de trente mètres à franchir au piolet également à mi-chemin comment vous dire à quel point cette foutu voie alternative en fait un passage enfantin. Après quelques escalades sur roches quand on découvre le flanc de crête à passer impossible de faire demi-tour. Fanny arrive à déconnecter son cerveau et à se confier à notre guide par ailleurs plus que compétent (à défaut de la moindre solution alternative) j'ai plus de mal à digérer l'irresponsabilité absolu de sa part de nous faire passer dans ce chemin destiné aux alpinistes expérimenté lors de notre toute première ascension... M'enfin on y survivra ! Après une heure trente d'ascension complémentaire et de choses qu'on ne refera très probablement jamais dans notre vie, on atteint le sommet par la face opposé.


Nom de dieu (celui que vous voulez) comment vous d'écrire, l'émotion d'un levé de soleil pareil dans notre état de fatigue et de tension ? Les photos ne rendent en rien hommage à la magnificence de la situation, tout en haut du Cumbre, vu à 360° sur la Paz, le Titi Caca et même la deuxième plus haute montagne de Bolivie (L'illimani). On oublie la "mésaventure" et on réalise qu'on y est ! Un sentiment inoubliable et hors du commun. Le retour se fait avec (enfin) le soleil pour réchauffer nos mains et les patounes, les crampons remplissent miraculeusement bien leurs office en descente et on admire les crevasses d'une trentaine de mètres invisible de nuit. Dieux merci on descend cette fois par la voie normale, avec un passage plus que génial en rappel sur mur de glace pour une vingtaines de mètre encordé avec Fa.


Cause de mes genoux si l'ascension nous à valu de grimper à bon rythme, nous serons très largement les derniers en bas, l'arthrose me dévorant littéralement les rotules d'une douleur que j'aurais bien du mal à vous décrire. Une arrivé sous les hourras des vingt autres grimpeurs du jour, une ambiance d'enfer et seulement deux abandons choses particulièrement rare (mais faut dire que les 22 au départ était uniquement des voyageurs long cours déjà acclimaté à l'altitude, les guides évoque en contre-partie jusqu'à 50 % d'abandons sur les touristes présent depuis une courte durée)

Une aventure franchement hors normes pour ce 6000 réputé le plus facile et le moins cher de Bolivie (voir du monde entier). On ira pas tester la voie normale pour le confirmer mais je vous garantie que le K2 c'est pas pour demain !"
 



Pendant qu'on traine sur la descente on croise les Sherpa locaux qui monte le gaz des refuges à même le dos. On oubliera de se plaindre en comparaison !
Le contre-coup du Huayna digéré on reprend la route direction "El Camino de la Muerte" (le dire avec un tremolo dans la voix et une contrebasse en vibrato pour le fond sonore), et par extension vers la jungle. Shuntant la montée terrible d'El Alto avec le Téléphérique Lapazien dans le quel les vélos sont admis, on admire depuis la cabine l'un des plus grand marché ouvert au monde qui envahit littéralement toutes les rues du quartier.

A peine lancé sur la route Fanny m'interpelle. - Gab c'est normal le guidon il fait "krunk krunk Shrak" ? - (Admirez la qualité de mes Homonomatopé.) Verdict...

... Non pas trop normal ! Roulement de direction plus qu'hors service. Après 76 boutiques de vélos (ou les Boliviens, tous plus sympa les uns que les autres cherches à nous aider au delà de leur possibilitées) il s'avère que ce roulement n'existe pas ici. Pas grave, on en achète trois de taille différente, de vieux vélos années 60 ou même de VTT de descente flambant neuf et on parvient avec ce drôle de mix à en re-fabriquer un valable ! J'aime pas frimer (ou pas trop trop), mais ce coup là j'en suis content.



Ne parvenant pas à nous retenir, La Paz nous laisse enfin partir et on prend la route du fameux paso del Cumbre.

L'air de rien la magnifique route vers la jungle nous fera passer un col à ... 4.769 mètres ! Nouveaux record bicloutesque dans la foulée de notre top d'alti piétonnesque sur le Huayna et du bivouac nocturne le plus haut.



Mais dès le col dépassé, l'incroyable route sinueuse qui s'en suit, dévalé à toute vitesse, l'atmosphère change.

Et voilà qu'on campe dans de la verdure quasi-luxuriante ! Après un mois d'Altiplano sec comme nos nappes phréatiques de sudiste en plein mois d'août le changement se veut frappant.


Mais on est pas venu ici pour compter les pétales de roses (puis y'en a pas), on est là pour affronter "la Route de la Mort" (Répéter la consigne de prononciation plus haute sur le Tremolo et la contrebasse). Historiquement l'une des routes les plus mortelles du monde, avec un pic jusqu'a 360 accidents par an. Oui, oui, quasiment un par JOUR ! Et une moyenne de 200 par an. Faut dire que l'étroit chemin de terre qui commence à 3.600 mètres d'altitude et finit soixante kilomètres plus bas à 1.200 à toutes les raisons de données des sueurs froides aux chauffeurs de camions qui se croisait ici, avec un à-pic latéral de presque 900 mètres ! Les chutes étaient rarement non-létales faut bien le reconnaitre.

Heureusement depuis une paire d'années il existe désormais une route flambant neuve permettant d'éviter de rencontrer Saint Pierre ou Bouddha en personne, selon les croyances, plus tôt que prévu.
 
Désormais piste quasi-exclusivement réservé à des cyclos en mal de sensation forte, la descente se révélera un véritable plaisir malgré nos biclous surchargé et un roulement de direction à resserrer de temps en temps.



We survived it ! (à prononcer avec votre accent français si typique svp) Mais est-ce vraiment la fin du Camino de la muerte à Yolossa et le début d'une autoroute bien goudronné vers Rurrenabaque quelques trois cents kilomètres plus loins ?


Oh non ! Loin s'en faut. Les tombes marquent encore le bord des routes (Qui se souvient de la campagne de prévention routière "Cet été arrêtons de fleurir nos routes ?") et si le tronçons est globalement plus large, l'état en est le plus souvent déplorable et parfois réduit à deux mètres de large.

Les infrastructures laissent pour le moins à désirer et les nombreux "pont de singes" qui traverse le rio attaché à un bout de bois branlant sont encore aujourd'hui l'unique accès à de nombreux village isolé dans les montagnes.
A défaut d'avoir pu trouver un roulement à La Paz on à par contre chiné un dérailleur de secours, me doutant que ma réparation Péruvienne de ce dernier ne durerait pas éternellement (j'ai donc un peu d'humilité ?) et ... Paf il à lâché dans la foulée. Bonne intuition non ? 

Le camping devient désormais de plus en plus compliqué le soir, la "jungle" se densifiant il nous faut régulièrement demander à des "paysans" de squatter leur champs de Coca ou de Bananes. Gentillesse illimité des Boliviens aidant, on dort dans des spots magnifique, pop corn et parfois même une p'tite bière à la mains pour profiter du soleil couchant.

Dure la vie non ?




En réalité oui, la vie est plutôt dure. Les deux cents derniers kilomètres sont un véritable cauchemar. Un planqué qui mérite sans hésitation la peine de mort, ayant eu la Merveilleuse idée de stabiliser l'ignoble piste avec... Du galets rond ! Un sal*** qui mériterait de devoir traverser sa propre piste sur un vélo dépourvu de selle. Il nous faut pousser dans une chaleur et une humidité difficilement supportable nos enclumes roulante qui glisse consciencieusement sur chacun des galets. A Nice ça fait jolie sur les plages, ici on les maudits de tous notre être, même si l'effort nous prépare sans qu'on le sache encore à la traversé du Sud Lipez un millier de kilomètres plus au Sud.



Admirant les étonnants arbres à testicules qui longe la route (Fanny prétend que c'est des nids d'oiseaux, moi je pense qu'on nous à menti quelque part sur la reproduction arboricoles) et les formations rocheuses improbables on franchit des Rios dans le nom est une véritable prémonition de la pollution qui les envahit (Mine d'or illégale, rejet sauvages... La Bolivie n'est malheureusement pas un exemple de biosphère bien respecté)

Approchant de Yucoma les spots se font par contre paradisiaque en bord de Rio et on prend enfin le temps de sigler nos beaux vélos des drapeaux des pays traversés. Après dix jours d'intense traces vers le nord nous arrivons à Rurrenabaque, notre futur "base camp" pour explorer la jungle.

Après rude négociations nous commençons l'aventure par un "tour" dans la Pampa de trois jours avec quelques autres touristes, la jungle "basse" où nous espérons pouvoirs observer moulte animaux.


Si après quatres heures de taxi, un petit repas dans un restaurant hyper touristique à Santa Rosa nous dégoûtera, avec ses deux Aras bleus et son (Par ailleurs magnifique) Toucan aux ailes coupées, dès qu'on posera nos fesses dans la barque qui nous fera remonter le Rio Yacuma, nous prenons une véritables claque Faunesque.

Les trois heures de navigation nous amenant au "lodge" de la pampa nous permettent d'admirer plusieurs milliers de caymans "classique" des centaines de Capybara (Un rongeur magnifique, d'un petit mètres au garot et aux allures magnanimes.), des dizaines d'espèces d'oiseaux improbables et même des (beaucoup plus rare, beaucoup plus grand) caymans noir.




Dans un cadre hélas plus démagogique (et hautement inutile) le guide nous fera envahir par une armée de petit Singe "amarillo" en leur proposant quelques bananes depuis l'embarcation. Si -certes- c'est amusant d'être le carrelage d'une paire de singes aux manières si humaine, est-ce bien utiles d'impacter la nature déjà si riche ?



A défaut de connaitre le noms des moultes espèces que je vous expose ici (Je vous laisse google-lenser au besoin!) je me contenterais donc de vous empiler les photos sans trop de descriptif, mais hé pas besoins de textes pour profiter hein ?
Lorsque d'un coup nous apercevons à fleur d'eau les museaux de dauphins dans un affluent de l'amazone, je ne résiste pas à l'idée de me jeter à l'eau avec ces derniers, quelques pyrhanas et une paire de caymans en fonds de paysages. Mais hé que serait la vie sans quelques risques ?
 





Ce tour dans la Pampa seulement commencé on est déjà saturé d'image incroyables, Capybara qui marche derrière d'immense Caymans noir, oiseaux aux plumages de rockeur, martin pécheur sous cocaïne...


En fin de première journée on part admirer de nuit les yeux des caymans à la lampe de poche, ils sont cette fois plusieurs milliers compacté sur de petits espaces, on a désormais absolument aucune envie de faire un plouf !




Après avoir admiré le lever de soleil dans la Pampa, on part à la "chasse" photo à l'anaconda.



A défaut de pouvoir admirer l'immense serpent, on tombera sur l'incroyable condor de la pampa et "El Hijo del Diablo"  de superbe espèce de volatile locale.


Toujours dans le cadre de ce "tourisme falicité" qu'on maudit, j'aurais l'occasion de carresser Pedro, un beau spécimen de cayman "pacifié" par notre guide indigène, depuis une vingtaine d'année. Ai-je donc participé à ce cirque d'humanisation de nos relations à la nature ? Oups.



Non content de sauver les vaches embourbés sur les rivages, (Une sur trois survivra, c'est mieux que rien non ?) on nous emmène pécher ... Du Piranha !
 
Et bha c'est pas mauvais à vrai dire. Manger qui croyais te manger, dur loi de la jungle.
Sortie de la Pampa, on vous épargne croyez moi les 2600 photos qu'on à prise en trois jours avec Fanny et on est HYPER chaud. L'ambiance de la jungle c'est unique, on sent qu'il y a quelque chose à faire. On demande à notre guide s'ils prennent des volontaires, et de chose en chose voilà qu'on finit par rencontrer John. 
John c'est un expat français qui à vécu cinq ans dans la jungle Péruvienne et deux ans en totale autonomie dans la jungle Bolivienne. Il veut à tout prix nous aider à trouver un vrai volontariat dans la jungle, dans une vraie famille pas un truc de touriste. Parfait on demande que ça ! 24 heures plus tard, rdv sur les "quais" de Rurre (comme l'appelle les intimes) et voilà qu'on rencontre Don Victor-hugo (Juste Victor pour les intimes).

Quelques minutes de palabres, on propose de payer pour notre nourriture sur la durée du volontariat et voilà rendez-vous pris pour le lendemain neuf heure.


 
Vélos chargés sur la barque familiale on part en direction de Réal Béni dans la réserve du Pilon-Lajas. On le sait pas encore mais on s'apprête à vivre deux semaines parmis les plus riche de notre vie.



Don Victor, c'est un "véritable Indigène" (pardonnez moi cette expression affreuse qui toutefois devrait vous placer un peu l'origine de l'homme) du Madidi, qui vivait jusqu'à peu au confins de la jungle. Mariage, vie de famille et impératifs lié à une inondation l'ayant récemment amener à se rapprocher de la "civilisation" où on aura l'extraordinaire chance de pouvoir le rencontrer et partager un bout de chemin avec lui. Il nous présente à la famille, Sonia, sa femme, Ariel, Elodie-Josepha, Victor et Rosio leurs quatres enfants.
 

Don-Victor c'est plus qu'un personnage haut en couleur, c'est une véritable bible de la jungle. Authentique détenant de connaissances en très haute perdition, c'est en toute humilité qu'il nous amène d'un bout à l'autre de la jungle, impatient de partager son savoir (Mot loin d'être exagéré ici) avec des "gringos" pour établir un pont entre les peuples indigènes et la culture occidentale. D'autant que ces propres enfants ne se montrent que peu réceptif à cette culture de jungle (et comment les blamer d'avoir envie d'un monde "meilleur" quand ils vivent au final enclavé dans un univer perdu si particulier ?) 
  
Bon la "Casa" elle est pas vraiment dans la jungle primaire, mais le contexte est plutôt cool déjà non ?


Le plus dur pour nous sera au final de parvenir à ce rendre "un peu" utile, Victor il cherche (trop) à nous économiser, son intérêt perso réside plus dans l'échange culturel à deux sens, que dans la recherche de main d'oeuvre (absolument non) compétente.


Alors on échange autant qu'on le peut, on apprends la guitare à Ariel qui rève de devenir prof de musique, on essaye de faire un peu de sensibilisation à la gestion des déchets et on danse tous les soir après une p'tite bataille corse pardis !
 

Quand on répare pas la captation d'eau du village, Victor nous emmène chez son frère désherber la cannerais à la machette. Alors ça, on va pas se mentir c'est ni reposant, ni agréable. 
 
On affûte les machettes une fois par heure tout en dégustant une banane du coin ou en buvant une coco du jardin.

On se sent plus utile quand on peut travailler pour construire le soubassement de la future maison qu'aux champs, effectuant les taches que Don-Victor n'a pas le temps de faire (ni l'envie de déléguer à sa Famille qu'il sur-protège avec amour)



Mais peu importe l'activité, on en apprends toujours plus sur la culture locale et on partage de super moment dans avec notre famille bolivienne.

Sonia nous fait parfois d'incroyable plat comme ce Tacuara de poisson cuit dans du bambou, mais le cuisto de la famille c'est Don Victor.
Si les enfants on jusqu'à leur quatorze-quinze ans une vie bien tranquille, éloignée de la moindre tache ménagère et reste bien loin l'heure venu de faire la vaisselle (Oui ce descriptif eût pu s'appliquer à ma propre personne, certe) ils sont par contre bien présent quand on leur propose de faire un tour en vélo jusqu'à l'école du village !



Quand Don Victor estime qu'on a planté assez de yuka ou de canne à sucre, (Par pleine lune, les jambes droites pour que le yuka... pousse droit ! Ou encore qu'on plante le maïs le ventre plein pour que ce dernier soit "riche", tous un ensemble de croyances qui pourrait prêter à sourire mais relève d'une sensibilité aiguë à la nature.) il propose de nous emmener en expedition dans le Madidi ! Comment dire non ?


Comme vous pouvez vous en douter les garçons (seul heureux élus à pouvoir se joindre à nous) sont plus que ravis de partir dans la jungle profonde avec Papa et les gringos !
Le premier jour on rejoint l'ancien campement de Victor, qu'on défriche à la machette (Il faut savoir que se voir confier une machette par un indigène du Madidi c'est une véritable preuve de confiance, un acte culturel fort la machette étant ici le coeur du modèle de vie de la jungle, on ne la confie pas sans raison ni à n'importe qui nous diras t-on) et on chasse du gibier avec une pétoire des années 50' !  Si je suis pas vraiment pro-chasse (ou plutôt pas vraiment pro-chasseur) quand il s'agit de récupérer le repas du soir dans le cadre d'une culture respectueuse de la nature je dis oui ! (Comment vous dire que les espèces qu'on aura chassé / pêché durant ce séjour sont pas vraiment légale à capturer, mais comme dit Victor "Pour nous les indigènes, si c'est pour manger on a le droit ! Sinon on mangerait quoi ?")



Après avoir capturé un Turouno de 4kg, (bon j'ai laissé filer la ligne et Don Victor à du partir en bateau à quatre du mat du mat récupérer la ligne  et le poisson !) on remet le bateau à l'eau pour trouver un campement pour la nuit.
J'adore cette photo de Don Victor, l'occasion d'en dire un peu plus sur l'homme. Véritable couteau suisse de la jungle (ou plutôt machette Bolivienne multi-fonction) il est toujours tout sourire. Il prend un plaisir infini à partager son modèle de vie, ses connaissances. Il écoute aussi, très attentivement. Bien qu'ayant travaillé quelques années pour un groupe pétrolier français et deux ans dans un complexe touristique du Madidi il n'a pas perdu de vue son sens innée de la vie, de la nature. La Pachamama c'est pas une expression ici, mais un véritable art de vivre en symbiose avec une nature riche, qui donne beaucoup en retour. Pas de corde ? On en fabrique avec de l'écorce qu'on tresse, bois mouillé ? Claque des doigts et voila du feu. Pas de pont ? Trois coups de machette et voici un gué bien solide. Pas d'escalier ? On le taille à renfort de lame. Mais résumer l'homme à ces "gadgeterie" ça serait le réduire à pas grand chose, c'est le véritable emblème de nos relations profondes avec les Boliviens.



Le hasard de nos pérégrinations nous permettra d'apercevoir au loin quelques Singes Capuchino, mais surtout de rentrer plus en profondeur dans la jungle du Madidi, en direction du sanctuaire des Ara Rouges. Que dire de l'état de la passerelles et des infrastructure qui ont seulement... Huit ans ! La jungle reprend ses droit vite, très vite !



Après avoir savouré les Ara Rouges qui nous survole en tous sens on traverse de nouveaux l'épaisse jungle primaire en direction du campement de Don Victor pour finir le défrichage semi-annuel de l'endroit. Un terrain dans la jungle c'est du boulot 24h sur 24h !


 
Un peu gêné ont laisse les garçons déterrer 18 oeufs de tortues pour nous préparer une omelette (Même si c'est pas une espèce en danger je suis pas convaincu que c'est une super idée, les caymans s'occupant d'ores et déjà de réguler les naissances avec efficacité)


Je dois avouer par contre que trancher du bambou à coup de machette c'est rigolo, même si passé la septième heure d'affilé on se lasse. Mais grâce à cette activité qui semble ravir Don Victor également (et ce révèle une aide utile à apporter), on aura la chance d'apercevoir notre premier Toucan sauvage ! Un moment de bonheur absolu, guidé par Victor qui avait reconnu à un kilomètre de distance le cri (Un peu canin) du Toucan.


Rentrée de notre expédition on s'aperçoit que le temps file, alors Don Victor il panique, on est pas encore de vrai habitant de la jungle notre transformation doit donc s'accélérer. Dans la coque d'un totuma on fabrique un filtre pour faire du "miel de canne", enrober avec ce même miel de délicieuse cacahuètes, tester toutes les variantes de poisson local, finir d'apprendre à planter les cultures classiques, préparer les tranchées pour le yuka, devenir des ninjas de la machette...


Ariel nous emmene au "mirador" pour observer un peu le Pilon-Lajas d'en haut, on y monte avec toutes la p'tite troupe.

Avant de partir on essaye d'aider un max, même si on trouve de temps en temps un Boa sous un tas de bois, ou une mygale sous le siège.
Don Victor il a toujours le smile, cinq heure du mat il est debout à défricher à la pale quand nous on ronque encore, vingt deux heure on chuchotte déjà avec morphée qu'il finit de construire un foyer ou de nettoyer le linge famillial.



Alors qu'une paire de Toucan vient encore chanter au dessus de nos oreilles, les jeunes proposes de m'emmener pêcher quelques sardines... A la machette.
 
Figurez vous qu'on en chopera une vingtaine comme ça ! (enfin eux, moi j'ai trouvé des algues et un crabes avec mon coupe coupe...)

 
Avant de partir on a un éclair de génie, on leur fabrique un parcours de billes géant dans la fosse à déchets qu'on à creusé avec Fa. Succès garantie, je les ai pas vu en sortir jusqu'a notre départ.


Mais l'immuable horloge tourne et voici venir la fin de nos deux semaines d'immersion, on fait nos adieux à Palo le pavot domestique et à toutes la famille. Je vous cache pas qu'au moment de quitter Don Victor sur le rivage l'émotion est forte, et si tu m'avais dit qu'il nous lâcherais même une larme au moment de se séparer je l'aurais pas cru. Faut dire que ces moments partagés ils auront vraiment été unique, et pouvoir être sur la même longueur d'ondes avec nos cultures si différentes c'était une chance pas si évidente à mon avis. 


Mais l'heure venu de remonter la tente les émotions sont toutes autres et ont reprend nos habitudes avec plaisir (Spoiler, on a pas fait la route retour Rurre - La Paz en vélo, nous avons décidé de nous épargner de vivre ce cauchemar une seconde fois en shuntant les 430 kilomètres dans un bus de nuit, en zappant de nouveau El Alto avec le téléphérique de la capitale. Hé quand ya plus simple pourquoi faire plus difficile ? De 300 à 4300 m d'altitude en douze heures, trop fastoche le bus)
On décide (non sans impatience) de tracer au Sud via l'Altiplano vers le Salar d'Uyuni et le Sud Lipez, pour une expédition des plus ... Mémorables ! Sur la route on rencontre Francesco, un cyclo Italien qui part faire la même folie que nous, mais qui galère avec ces rayons ! Hé parfait, je suis désormais rayonniste professionnel, tellement que par solidarité je casserais le seizième du voyage deux kilomètres après avoir réparé sa roue voilée.



Alors que l'ambiance se rafraichit sensiblement à l'approche du Sud (-15 la nuit ça picote), on affronte la dure vie à coup de coucher de soleil dans la steppe et de bière froide dans les bains chaud. Merci de nous plaindre un peu svp. En réalité on fait bien de se relaxer avant la suite...


Les dix jours de descente de La Paz à Salinas sont un pur bonheur, paysages magnifique, route en bon état sans fréquentation on trace sur un petit nuage de bitume. (Parfois un petit nuage de poussière qui nous oblige à nous cacher dans une maison d'adobe abandonné mais c'est sans importance quoique prémonitoire des vents à venir)



Sous l'œil des Lamas ont monte petit à petit en difficulté à l'approche de Salinas, vent de face, routes qui ce détériore, dénivelé léger.

 
Mais c'est déjà un décor exceptionnel qui nous entoure.


Il nous faut commencer à s'abriter des vents tardif dans les reliefs du paysages, avant de reprendre la route au petit matin sous l'oeil rotatif des chouettes.
 


Alors qu'on négocie "à la Bolivienne" un repas du midi dans une boutique, la proprio nous conseil de : " Jeter un oeil au petit cratère du village." D'humeur touristique en cette veille d'arrivée on dis "mouais, ok pourquoi pas ?"
Un petit cratère ??? Un trou de météorite géant oui ! Et pas qu'un peu magnifique ! Le genre de chose trouvé par hasard en écoutant au fil de l'eau les recommandations locale, toujours de super découverte.




Cette fois on y est, Salinas nous accueille à bras ouvert sur une fin de journée difficile. On se prend une nuit d'hotel afin de préparer notre trip final Boliviens vers le Chili et on tombe bien évidemment sur ... Francesco pour la troisième fois ! Ce dernier part dès le lendemain alors qu'on se repose et qu'on prépare encore une aventure digne de ce nom. La traversée en autonomie totale du Salar d'Uyuni et du Sud Lipez en vélo sur dix à quinze jours ! Tout le monde nous le déconseille, peu d'eau, pas de ravito nourriture, des pistes de sables difficiles, des montées infernale, de la tôle ondulée, un vent tout droit venu de l'enfer pour nous décourager, un froid polaire... Bref le rêve !!! On est TROP impatient !
 
Instant prémonitoire, ne vous ai-je point dit qu'une fois deviendrais coutume ? Polarstepifions donc cette exceptionnelle traversé du Sud Lipez, dans l'objectif de pas trop modifier les ressenties journaliers que j'ai décris à chaud jour après jour (et de pouvoir siroter un Pisco Sour plutôt que d'écrire cet article, mais c'est du off journalistique ça, ne le dite à personne). Vous êtes prêt pour onze jour de folie ?


Premier jour (sur une quinzaine) de l'expédition Salar d'Uyuni - Sud Lipez. Incapable de résister à la tentation, ce qui aurait dû être une journée d'approche du Salar est devenu la première journée sur ce dernier en forçant un peu le rythme !

Comment vous d'écrire l'apparition de 11.000 kilomètres carrés de sel, fractionné en parfait pentagone, du blanc à perte de vue qui craque sous nos roues (faut dire qu'il y en a plus de ... cent vingt mètres d'épaisseur quand même).


 

Le paradis se mérite toutefois, tôle ondulée, pistes sablonneuses, vent de tout les diables qui écrase la tente toute la nuit, température qui semble polaire, fessiers endoloris par les bosses... La rançon du bonheur ! Mais quel BONHEUR !!! C'est un sentiment dingue, unique, indescriptible que d'arriver ici sur nos braves vélos.
 




J2, Des cactus et du vent !

Uyuni. Un Salar vue et revue par tous les cyclo du monde, un incontournable si réputé qu'on penserait sa légende surfaite. Mais voilà, traverser cette océan de sel sur nos biclous c'est un univers a part. On s'y sent tout petit, l'ambiance est unique, les sons totalement absorbé.

Au milieu de cette mer... Une île de cactus ! Incahuasi de son p'tit nom (ferait plaisir à Dutronc ça). Des cactus immense, parfois vulgaire, mais toujours improbable. A force de soleil qui tape sur les tempes on cède à la tentation des photos débiles, bha oui mais bon c'est drôle à faire en fait.







La fin de journée nous fera moins rêver sur une portion plein ouest de sept kilomètres avec vent de face d'après midi, un souffle qui fait vraiment pas rire. On se jettera sous la première falaise à l'abris à peine sortis du Salar, les mirettes encore ébahis après deux jours de traversée extraterrestre. Cyclo, ça vaut le coup foncez !


 J3, Ravito et premier pas dans le Sud Lipez.

Après une bonne nuit de sommeil on parvient à rejoindre San Juan avant 14h. Notre Ultime (!) Ravitaillement en nourriture d'ici au Chili, trois cent kilomètres de pistes dantesque plus loin. Il nous faut donc compter les jours, les repas, la marge de sécu, la quantité d'essence pour le réchaud, d'eau, de contenant... Bref la logistique nomade à son paroxysme ! Après une heure de porte à porte un agriculteur accepte de nous vendre l'essence qu'il nous manque pour les huit à dix jours d'expédition à venir. Un jour de transit donc, mais on parviendra à faire une dizaine de km en direction des lagunitas avant de se faire attraper par le vent du soir sur une portion plein ouest. Plantage de tente à l'abri d'une colline et cette fois, on y est, la grande aventure ! Je vous cache pas un peu d'appréhension au moment de se lancer dans trois cent kilomètres de pistes seul (ou presque) avec une gestion de l'eau millimètrés (imposant comme en Mauritanie un kilométrage journalier obligatoire en toute circonstance pour éviter la panne sèche) et des vélos surchargés qui avoisine alors les ... 55kg !
 
-> Le campement militaire de Chingara, pour le moins atypique ! Mais bien pratique pour ravitailler en eau.

J4 - Faut le vouloir (ou être maso)                    Mais Pourquoi est-ce qu'on s'inflige un truc pareil en toute conscience ? Si la matinée c'est bien passé avec trente sept kilomètres parcouru, un ravito en eau dans la citerne d'un camp militaire plus qu'atypique, l'aprem aura été franchement moins marrante. Voir carrément éprouvante, avec... 4 kilomètres en 4 heures.
Dix-septième rayons cassés, une chambre à air qui explose dans la foulée, un col à franchir sur une piste de sable volcanique sans la moindre portance, on abandonne l'idée de rouler et on pousse tant qu'on peut, les poumons en feu et les deux vélos sanglé entre eux. De la souffrance brute, franchement sans exagération. On pousse jusqu'à épuisement, un peu avant la disparition du soleil et on plante la tente à mi-hauteur du col.
 
Mais comment en vouloir au Sud Lipez quand on voit le décor dans lequel on bivouaque ? (Bon dans la journée on lui en a quand même voulu hein) Les jours à venir s'annonce plus qu'éprouvant, d'une difficulté qu'on à sans doute encore jamais poussé à ce seuil. Mais maintenant comme on l'a déjà dit... Plus le choix!



 J5, Mètres par mètres.
Trente cinq kilomètres de trace accompli en fin de journée, pour seulement onze kilomètres à quatorze heure ! On a vaincu la fin du col de l'enfer mètres par mètres, poussant les vélos entres les cailloux et le sable de gravier sur une montée infernale, poussant à deux chaque vélo sur le dernier kilomètres, repartant en arrière pousser de la même façon l'autre vélo... Ça vous donne le rythme.

On s'enlisera sept kilomètres de plus dans du gravier avant d'apercevoir enfin la piste principale, l'après midi sera technique alternant lit de rivière en galet, tôles ondulées, col vertical, quelques descentes, mais hé pas de quoi se plaindre on pourra pédaler pour l'essentiel sur cette portion. 

Endurcit par la journée précédente on encaissera moins sur le moral aujourd'hui, même si c'est véritablement une épreuve hors catégorie. On atteint demain les cinq lagunes qui inaugure le Sud Lipez dans toutes sa splendeur paraît-il. M'enfin on dira pas que c'est moche jusque là, loin de la !
 
 
 
 
 
 
 
J6, Les Lagunitas.
Un peu froid cette nuit, six heure on matte le thermomètre -14°, tu m'étonne qu'on à grelottés dans nos duvets quand il a du faire -20 une paire d'heure plus tôt. Après seulement deux kilomètres on tombe sur la première des cinq lagunitas qui vont ponctuer notre journée, du flamand rose à la pelle, en presque camarguais que nous sommes ça devrais nous laisser indifférent mais ceux là sont particulièrement beau.





La journée est difficile même si on pourra en pédaler l'essentiel, les (très) forte rafales de vent latérales nous jettes dans les ornières de sables tous les dix mètres, nous obligeant à ce remettre en selle perpétuellement. Fanny commence à avoir trop mal au fesses pour rester assise, on finira par pousser les vélos sur les derniers kilomètres le terrain devenant de toute façon trop mou, puis on leur fera grimper à deux une petite colinnette pour ce mettre à l'abris (bienvenue) du vent et épuiser nos dernières forces. Dix-huit heure, déjà 0° et ça chute vite.
 
 
 
Un Viscacha, sorte de gros chienchilla du désert venu mater l'instalation de la tente ->





 
On s'installe rapidement, on filtre en urgence l'eau avant le gel nocturne. Après c'est la tournée des petits bobos, irritation par ci par là, ongle qui ce décolle avec le froid, peau brûlé aux endroit exposé, coup de pédale dans les tibias, lèvres gercées comme jamais (rigolez pas ça fait mal avec ce temps !)... Avec la fatigue on suporte tout un peu moins bien, puis on regarde autour de nous pour ne plus y penser. Le paysage s'arrête jamais, c'est lunaire et l'horizon semble ne jamais s'approcher. Il y a toujours un volcan pour donner du relief, le splendide laisse place uniquement au grandiose. Mais ça reste vraiment dur, je vous le dis on rentabilise bien les nuits !


J7, La traversée du Siloli.
Traverser un désert, les gens (conformistes qu'ils sont) font ça en 4x4, en camion aménagé, ou à la rigueur à dos de dromadaire. Mais personne ne pense jamais à le traverser en vélo ! Bha c'est normal, c'est une idée complément con à vrai dire.


Mais on l'a maté ce desierto del Siloli ! Des reliefs de dingues, des distances incalculables, le Chili à porté de vue. Un poste militaire de garde frontière nous a très gentiment ravitaillé en eau nous évitant un gros detour.


Un vent glacial soufflera toute la journée, filant migraine et frissons, heureusement on l'aura globalement dans le dos. Faut bien haubaner la tente le soir, l'arrimer aux vélos, édifier un petit mur pour protéger le bas de la tente, bref tout un rituel le dodo par gros vent, mais on maîtrise maintenant, comme d'habitude la température nocturne descendra à -20° minimum, classique ! En journée le sable du Siloli nous empêche de pédaler, mais quel paysage !



 J8, La Laguna Colorada.
Après la pire nuit de l'expédition Salar - Sud Lipez, malmené par un vent de tous les diable et un froid polaire, on reprend la piste pour atteindre l'arbol de Piedra. Étonnante structure rocheuse érodé par les vents fort (...et perpétuel)  ainsi que le sable de la région. Si au démarrage le vent nous pousse dans le dos sur la tôle ondulée, on finira par le subir de côté puis de face sur l'interminable piste vers la Laguna Colorada. Des heures à pousser les vélos sur une pistes sableuse, avec un vent qui en plus de nous geler, de nous rendre fou et sourd, nous empêche de pédaler en nous jetant dans les ornières.


Même pousser est un enfer. Le moral est à plat, on en a marre comme jamais, une envie de brûler les vélos et de péter sa tronche à Éole, mais pas le temps de se morfondre faut avancer.
Après avoir payé l'excessivement coûteuse entrée du parc national, on négocie avec une éleveuse de lama un plat de riz oeuf pour changer de nos pâtes thon, et on decide de fêter nos quinze ans de vie commune en dormant dans un refuge bien rustique, où on retrouve notre pote Francesco et deux canadiens eux aussi perdu en biclous dans cet enfer de sable. La soirée passé à partager nos déboires commun nous fera oublier (un peu) le froid et le vent et on dormira pour une fois à peu près au chaud après un bon maté autour du poêle fait maison.

 
J9, 4926 mètres !
 
Si tu m'avais dit qu'un jour je pédalerais plus haut que le mont blanc je l'aurais pas cru ! 4926 mètres d'altitude, un col qui se mérite avec sang et sueur. heureusement le vent nous laissera quelques heures de répit pour le démarrage. On devra toutefois l'achever à contre-vent par 4/6 degrés permanent, avec un ressenti loin en dessous du négatif (en pleine journée l'eau gèle sur nos poches à eau en de petite stalactites, je vous laisse deviner comme le vent pénètre sous la peau). Ça sera pour moi la journée la plus éprouvante physiquement de ma vie. Pour la première fois de l'expédition je me sens épuisé jusqu'au plus profond de ma carcasse, piétinant le plus souvent en poussant le vélo, incapable de pédaler la moitié du temps, Fanny à plus d'énergie aujourd'hui et me motive à son tour.



Heureusement le moral est la contrairement à hier, alors on se traîne mètre par mètre sous les applaudissements des 4x4 de touristes, qui parfois s'arrête pour nous filer des biscuits ou nous conseiller un abris pour la nuit. On fait un détour par le Geyser del sol de mañana, et on plante la tente à l'abris d'une excavation espérant dormir un peu avant que le froid n'attaque. Le paysage du col nous aura offert de super point de vue sur la Laguna Colorada, demain on se paye celle de Chalviri et ses bains thermaux.




 J10, Relax !
Après une nuit VRAIMENT froide (-20/25°) on fait un démarrage "cool" avec une pause café au bout de 45mn, pendant laquelle un 4x4 de français nous aborde pour taper la discute, un couple avec enfants super sympa avec qui on papotera une demie-heure. De là on arrive au bain thermaux de la lagune de Chalviri... Devinez ce qu'on a fait ?!
39° ça nous a détendu je vous dit pas. Bref aujourd'hui on est relax ! Tant mieux car le Sud Lipez nous réserve une ultime épreuve avant qu'on se sépare, après nous avoir étonné avec le Désert de Dali, nous attend un col de seulement 400m de d+, avec une piste en bon état (faut dire qu'on a rejoint l'axe touristique et qu'on croise désormais pas mal de monde après dix jours en autarcie) alors où est le problème ?


 
 
 
...Un vent de face comme on avait jamais vu (90km/h !!!), on pousse les vélos à ... ... 0,5 km/h de moyenne ! Arrêté tous les cinquante mètres par des rafales qui nous font parfois même reculer, on s'épuise jusqu'au bout mais peu importe on a le super moral aujourd'hui. Demain on sera... Au Chili ! Puis les derniers paysages du Sud Lipez sont plus qu'à la hauteur. 

 
Une dernière nuit à 4700 mètres d'altitude qui s'annonce rude et changement d'ambiance à venir !
 


 J11, Ciao Bolivia !
Voilà. Après 424 kilomètre de pistes, onze jours de folie nous faisons nos adieux à la Bolivie. Le Sud Lipez nous gâte avec la Laguna blanca et la verde pour le dernier jour et une belle série de volcan, mais voilà venu le moment de faire nos adieu à la Bolivie. Ce pays qui nous aura profondément marqué, par sa beauté, la gentillesse de ses habitants, son infinité en tout domaine.
 

Le Sud Lipez aura été la plus grande épopée de ce voyage avec une succession de paysages tous plus grandioses les uns que les autres, mais aura surtout été l'épreuve la plus difficile de notre vie. 424 kilomètres de pistes sablonneuses, de vent glacial jusqu'à 90km/h en pleine montée, de froid extrême (-20° la nuit si si c'est extrême on trouve nous), un épuisement à pousser nos vélos jusqu'à nos dernières limites, une logistique minutieuse à respecter tant pour l'eau que la nourriture (qu'on aura finalement jamais pu ravitailler en cours de route).


Mais voilà, on peut désormais le dire sans aucune modestie, ON L'A FAIT. On a traversé le Sud Lipez du nord au sud en autonomie totale. Et ça on va pas l'oublier de si tôt, ni recommencer de suite d'ailleurs.



Nous voilà désormais projetée d'un coup dans un Chili opulent (en comparaison de son voisin Bolivien) et après une exaltante descente de quarante deux kilomètres on se repose enfin à san Pedro de Atacama où dans un camping on tombe sur... ... Notre pote Francesco évidemment ! Mais maintenant tout de suite, un peu (beaucouppassionnément) de repos.

Le Chili, après treize mois de voyage, ça nous semble vraiment le bout du monde. Et pourtant dès les premiers pas on sent qu'on est... Pas si loin. Poste frontière flambant neuf, carnet de vaccination obligatoire, déclaration de valeur des vélos, 4x4 flambants neufs, règles sur règles pour réguler la moindre once de vie des Chiliens, tarifs Européens...

Difficile de dire qu'on serait déçu, les Chiliens étant par ailleurs extremement gentils avec nous. Mais la claque est énorme avec la Bolivie ou le reste du continent Sud Américain en général. On se laisse porter depuis une semaine sur San Pedro, appréciant quelques cocktails et bon restaurant (L'occident à ses avantages quand même) Mais c'est clairement pas l'atmosphère qu'on aime et qu'on chéri tant dans nos voyages.


Guidé par les frontières Chili-Argentine fermé pour la plupart pour cause de neige ou de -pasenvied'ouvrir-, guidé par l'impératif d'atteindre le Grand Sud avant décembre et retrouver nos plus que pote Jérem et Lison pour quelques treks on part à rebrousse chemin vers le paso Lama pour entrer en Argentine.

 La conclusion, c'est pas que le Chili nous pose tant de soucis, mais plutôt qu'on à tant aimé la Bolivie, ses paysages infinies qui ne semble jamais vouloir s'approcher,  la claque du Salar d'Uyuni, la gentilesse des Boliviens/nes, la richesse de sa jungle, la surprise de sa culture, l'épreuve du Sud Lipez, sa nourriture (non la je déconne faut bien reconnaitre qu'on peut pas tout avoir non plus)... Son atmosphère en fait, qu'on à du mal à atterir de notre petit nuage si paradisiaque sur lequel on à flotté presque trois mois, et que la réalité nous semble être un réveil bien innatendu.

Bolivie, tu restera longtemps dans nos coeurs, ta chaleur comme tes nuits à -25 !

Alors ont te dit pas Adieu mais à la prochaine !


Gab et Fa, San Pedro de Atacama le 13 octobre 2022.

Nb, car il doit toujours y en avoir un, c'est mon rappel rien qu'à moi, OUI il manque un article sur la fin du Pérou en vélo. Un jour je l'écrirais (sans doute), mais je pouvais pas faire attendre la Bolivie quand même ?


Commentaires

  1. Juste magnifique !! Quels paysages...mais ils se méritent vs avez bien galéré (ok on vs plaind un peu 😁) l'ascension du glacier c'est tellement ouf, dingue quel exploit 👏👏💪 respect ! Bonne continuation

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  2. Bravo à vous deux ! Merci pour ce récit et les magnifiques photos. Bisous des normands

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